Herkules

Vingt après Giulio Cesare, dix ans après Alcina, grands opéras italiens, Haendel, âgé de près de soixante ans, veut conquérir définitivement les faveurs du public anglais. Bien que maîtrisant imparfaitement la langue anglaise, il réussit à la rendre "musicale", aussi bien que l'avait fait Purcell au siècle précédent. C'est ainsi qu'il compose successivement deux oeuvres inspirées de la mythologie, à mi-chemin entre l'oratorio et l'opéra : Semele, puis en 1745, Hercules . Prophéties, jalousie, vengeance, tous les ingrédients de la tragédie antique composent cet opéra en trois actes, dense en rebondissements dramatiques, qui nous racontent le dernier épisode de la vie d'Hercule, portés par une musique puissante et généreuse. On ne dira pas grand-chose des décors et des accessoires voulus par le metteur en scène, Luc Bondy, et son décorateur, Richard Peduzzi... En revanche, la distribution est excellente : dans le rôle-titre, William Shimmel est convaincant et solide, comme il se doit. Son fils, Hyllus, est interprété avec brio par le jeune ténor Toby Spence. Dans le rôle de Dejanira, la mezzo américaine Joyce DiDonato, personnage central du drame, confirme son talent, la soprano Ingela Bohlin incarne avec grâce la princesse Iole, tandis que dans le rôle du héraut, la belle mezzo Malena Ernman, au physique très athlétique, est parfaite.